«Me fabriquer un corps humain démultiplié, et devenir peut-être, pour un moment, un lien ténu entre quelques existences. M'engager avec elles dans une traversée incertaine. Telle une plante, pousser de partout à la fois, en panache, en vrilles tentaculaires. Zigzaguer à la manière du pas du loup, discret ou précipité.». Les animaux hantent les rêves humains depuis toujours. Depuis la longue fréquentation millénaire des espèces que l'on voit se balader en apesanteur sur les parois de Lascaux, de Chauvet, d'Altamira. Ce flottement onirique des bêtes témoigne d'une fécondité de la relation des humains à la Terre, mais aussi, à notre époque où sévit la sixième grande extinction des espèces, de la lente agonie de ce lien du rêve à l'animal. Du plus profond du rêve animal ancestral, depuis notre nuit intérieure, Marie-Claude Loiselle suit en silence la piste évanescente des bêtes qui vivent dans nos songes et senfuient à la vitesse de nos technologies. Bêtes traquées, qui ne vivent plus bientôt que pour fuir nos présences..