1982-2022. Depuis quarante ans, l’œuvre révolutionnaire de Madonna révèle une artiste engagée dans la marche du monde, soucieuse d’éveiller les consciences. Marquée par une pratique singulière de la citation, cette œuvre s’érige sur une masse colossale d’allusions, de clins d’œil et d’emprunts : de Roxane Gay à James Baldwin, de Friedrich Nietzsche à Richard Wagner, de Liliana Cavani à Martin Luther King. C’est ce que nous donne à voir l’analyse minutieuse du MDNA Tour (2012) et du secretprojectrevolution (2013), diptyque central dans le parcours de Madonna, qui représente l’apothéose de sa carrière. Comme en témoigne le présent essai, s’impose aussi chez elle une volonté inébranlable de fustiger les figures de l’extrême droite (Vladimir Poutine, Donald Trump, Marine Le Pen) et d’investir la rue tout autant que la scène pour faire entendre une parole déliée, fondamentalement contestataire et féministe. Une parole teintée d’une dimension spirituelle et religieuse qui sous-tend son discours depuis plusieurs décennies et qui l’invite désormais à se montrer sous un jour nouveau : toujours forte, irrévérencieuse, mais peut-être un peu plus vulnérable, capable par moments d’un lâcher-prise en phase avec les préoccupations qui l’animent. Capable, même, de se montrer imparfaite, voire déclinante, mais jamais à son insu. Puisque Madonna est avant tout – ne l’oublions pas – une redoutable femme de spectacle..