Moi je ne voulais pas m’affirmer, je rêvais de me diluer, ravaler le fait d’être quelqu’un, ravaler mon nom, être engloutie de la tête aux pieds dans l’univers comme la pluie dans le lac Sainte-Marie : moi, je voulais donner ma langue en offrande. Dorothée erre sous la canicule. Elle a onze ans, une imagination sans borne et d’immenses questions aussi. Aspirante sorcière de ruelle, démiurge des bois, elle observe le chat noir de malheur du quartier, porte secours aux insectes et reconnaît sa propre voix en celle silencieuse des nonnes au monastère du Carmel, cloîtrées comme elle dans Rosemont– La Petite-Patrie. Dorothée cherche l’épiphanie qui lui révélerait son rôle dans l’univers. Petit roman vertigineux, Dorothée et les couleuvres est marqué de fulgurances poétiques et signale l’apparition d’une voix littéraire lumineuse, d’une sensibilité singulière..