Mitchell s’écroule sur son dactylo, poignardée dans le dos. Par sa fille, la petite Donna. . Autour d’elles, la vieille Berta, sa fille trans Belle et « Bobby l’indienne » reprennent leur partie de cartes. La porte claque, la maison tremble: accourt Laurie, imprimeuse-éditrice de faux billets et amante de la défunte. «Tu as raison, Donna, il faut tuer la personne aimée absolument, trop dangereux.» . Ainsi commence ce livre, une danse désordonnée entre passé et présent, dans une Amérique qui court des plaines glaciales de la Baie-James jusqu’à Chicago. . Elles sont «quelques-unes, une petite gang pas homogène». Leur singularité est irréductible. La narratrice de ce texte mangé d’images, mi-récit mi-poème, s’attache à l’une puis à l’autre, s’éclipse à la sortie de prison. Les «lesbiennes-hobos» se liguent et se quittent, se blessent puis se ramassent, et si elles ont un but, ce ne peut être que de «fucker l’organisme entier». . Maîtresses-Cherokees, troisième livre de fiction de Josée Yvon, ne s’éparpille que pour mieux frapper au cœur. «On met-tu tout le monde sur la panique?». Josée Yvon (1950-1994) est née à Montréal. Faisant l'objet de multiples réécritures, adaptations et citations, son oeuvre se présente aujourd'hui avec une force et une pertinence renouvelées. .