Tu m'as volé mon étoile . Pourtant je savais déjà
Que n'adviendrait plus rien d'aussi intense
Ce qui nous est arrivé Léo
Je l'ai sublimé
Et plus rien ne pourrait en être apaisé . Jean parle de Léo. Cette lettre qu'il retrouve pendant le confinement en est le déclencheur. Soixante ans ont passé depuis ces deux semaines en Italie. Ils avaient dix-sept ans. Venise, la chambre aux draps bleus, le corps de Léo, la force de leur passion. Ces jours, ces nuits qui n'ont cessé de vivre dans le coeur de Jean.. Octobre 1973, alors que Jean tente de s'accepter et espère une rencontre aussi marquante que celle qu'il a vécue quinze ans auparavant, il reçoit une lettre de Léo. Quatorze mots. Un cri d'amour violent. Qui arrive trop tard. Car Jean ne le sait pas encore, Léo est parti et pour toujours cette fois.. Puisque les plus vives douleurs ne sont jamais lointaines, Jean Nainchrik, dans ce roman personnel, d'une écriture douce et poétique, met en mots des années de silence et nous conte l'histoire d'un amour fusionnel qui a façonné toute sa vie. Léo qui n'aimait que les femmes et Jean qui est un homme.. Extrait . Il existe un silence de l'amour qui n'a besoin d'autre musique que celle de deux souffles qui s'épousent.
En définitive, les mots ne sont rien.
Incapables de traduire la force des sentiments.
Ils ne sont pas la pulpe des doigts.
Ils ne sont pas la traversée des sens.
Ils ne sont pas les baisers sur la bouche.
Les mots sont un bruit de trop.
Ils ne disent pas l'oeuvre commune des peaux scellées dans l'ombre.
Rien non plus de ce qui se passe dans les chapelles sacrées quand ce sont deux hommes qui s'étreignent lorsque l'un n'aime que les femmes et l'autre croyait les aimer.
Les mots ne sont pas des caresses.
Ils ne sombrent pas dans le gouffre du plaisir.
Ils ne s'accrochent à rien, ne plongent dans rien, n'effleurent rien.
Les mots ne sont pas des gestes.
Ici, ils se retirent.
Rien ne sera jamais dit de la jouissance.
Nuit après nuit, dans la parenthèse italienne, rien ne sera jamais dit.
Ne sortiront d'entre leurs lèvres que les gémissements ténus de la lente initiation qui les rassemble.
Ce qui se passe entre eux, en eux, n'a rien d'autre à dire qu'eux.
Ce qui se passe entre eux participe à les construire. À leur ouvrir un chemin. .