Les prélèvements sont comme des échantillons de mots, d’objets, de rêves ou de façons d’être qui font notre quotidien et nous définissent à la fois comme individus et comme sociétés. Suzanne Jacob les analyse avec son regard unique, prêtant son infatigable attention aux sens cachés du langage, aux malentendus, aux crimes impunis, mais aussi à la beauté et à l’humanité qui surgissent là où on ne le soupçonne pas. Ces prélèvements forment de courts essais percutants, qui portent sur les sujets les plus imprévisibles, tantôt ordinaires comme ces magazines qui traînent dans la salle d’attente du dentiste, tantôt poétiques comme l’image forte des lits superposés qui clôt le livre et devient la métaphore de toute culture vivante. De prélèvement en prélèvement, l’essayiste ne propose ni leçon ni morale, mais invite plutôt au plaisir de se laisser désorienter dans les sinuosités et les méandres de nos pensées.. « Tenter de dire de quoi sont faits les lits qui se sont superposés pour constituer une structure de résonance au monde, c’est forcément faire appel à des fragments de cette histoire personnelle et risquer que ces fragments, happés dans la confusion régnante aux frontières des diverses disciplines, ne fassent que fortifier la présomption biographique qui emmure désormais tous les livres. C’est la raison pour laquelle je m’appliquerai maintenant à la plus grande confusion, puisqu’il peut arriver qu’un vacarme total ait raison d’une douleur causée par un grincement continu. ».